30 novembre 2005

Je me suis éveillé

Ce matin, je me suis encore éveillé bien avant le grand astre du jour. J'ai bu un verre d'eau, terminé de lire le journal de la veille, mais le sommeil s'était totalement évaporé. Je me suis donc vêtu ; le temps à cette époque de l'année commençant à se faire frais et humide, je me suis également couvert de mon long manteau feutré. Je me suis rendu dans l'écurie. Brown Star était lui aussi debout, de bonne humeur et prêt à sortir. Je l'ai sellé, et nous sommes partis battre la forêt derrière la propriété. Il faisait encore sombre, la nature avait pour seuls bruit et mouvement, ce léger souffle régulier du sommeil paisible. C'est le moment de la journée (si je puis l'appeler ainsi) que je préfère. Seul avec ma noble monture, les lieux, l'air, le monde m'appartiennent. Après une longue course galopée, empruntant de nouveaux chemins, découvrant de nouvelles lueurs émergentes, transformant au rythme du galop l'air vivifiant en une épaisse vapeur presque blanche, nous voici de retour. Je m'arrête un instant devant le portail de ma vieille masure aux couleurs matinales (après je passerai par le portail du fond pour ramener mon cheval qui a bien mérité son avoine). Je regarde cette bâtisse, je me souviens d'un matin, trente-sept ans auparavant, et qu'y a-t-il de différent sur le tableau qui s'offre à mes yeux aujourd'hui ? Un peu de mousse en plus ? Quelques feuilles en moins ? La luminosité est différente. Chaque jour la lumière est différente, peu importe les années, les événements, les souvenirs ou l'état d'esprit. Le grand astre s'est levé, je vais peut-être m'étendre un moment.

Mude Girl.


Automn morning, de Grimshow.

28 novembre 2005

Nude on the Sofa

Je trouve ce tableau surprenant.. Dans la manière de peindre, on dirait de ces personnages sortis d'un siècle très pudibond, avec ces femmes toutes aussi prudes les unes que les autres, lorsque tout est basé sur les ressentis les plus minimes qui sont totalement décuplés, un peu à la Princesse de Clèves, où l'on rêve d'un regard à peine esquissé, d'un frôlement de main au passage, mine de rien, mais où d'aucune façon quoi que ce soit de clairement sexuel n'est évoqué, ni envisagé. La tête de notre personnage pourrait être celle d'un Camée (quoi de plus froid qu'un Camée, nan ?). Et pourtant, ici, ce tableau est d'un érotisme des plus irrésistibles... Ce visage de jeune fille si innocente, sur un corps à la position si évocatrice.. Ne trouvez-vous pas ?

Mude Girl.

Nude on the sofa, de Boucher.

26 novembre 2005

Comme un soleil


Les fractales.. Celle-ci est comme un soleil, qui éclaire, qui illumine, qui s'étend, qui se développe, un soleil qui envoie ses rayons de chaleur, d'énergie, qui dégage sa puissance, la pousse vers l'extérieur, vers l'autre, dans toutes les directions, dans tous les endroits, une puissance qui irradie tout, qui englobe, omniprésente, partout à la fois et qui pourtant continue de s'étendre, plus loin encore, plus loin que partout.. Comme un univers.. Une fractale comme un soleil, comme l'univers..

Mude Girl.

25 novembre 2005

L'aube se lève..

Un paysage très tôt le matin, le soleil n'est pas encore apparu, c'est donc encore la nuit. Mais pas la nuit noire, car l'aube se lève, les formes se distinguent, la vie commence à s'éveiller, le décor à s'étirer, la nature baille, des bruits sourdent petit à petit, ici, puis par là.. Et finalement, tout cela serait presque plus inquiétant qu'une profonde nuit noire. Dans l'obscurité totale tout est à imaginer, mais il s'agit bien de tout et de rien à la fois... Là, dans notre situation : on voit. On entend. On sent. On tressaille. On se retourne. On tremble. On cherche des yeux. On sursaute. On se cache. On s'affole. Et ces ombres, elles sont là, on en est sûr, pas vraiment, mais pourtant on les a vues. Ah! encore une! Si, elle était là! Je l'ai vue. On recule d'un pas. De deux. On n'ose quand même pas détacher les yeux de ce reste de bâtisse, qui tient encore debout au-delà de ces troncs morts. Non, ça ne peut pas être des morts. On le sait, que ce sont des balivernes, des racontars de fin de soirée, ces histoires de morts qui sont debout. On n'y croit pas du tout. Ca n'existe pas. Et ce qu'on a aperçu, ce sont des branches, des feuilles, des ombres d'oiseaux, puisque la nature s'éveille. Pourtant.. non, aucun chant d'oiseau.. Non, d'ailleurs ce qui arrive, là, ah! ce n'est pas un oiseau ! Il vole vers ici mais sans bruit ! Ce n'est pas un oiseau ! Ce n'est pas un oiseau mort ! Ce n'est pas un mort ! Ce n'est païaïaïaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarghh.....

Mude Girl.


Friedrich - Abbey in an oak forest.

24 novembre 2005

Une eau aérienne


Revenue d'une petite escapade, me voici en mesure de vous retrouver. Par ces rudes temps de début d'hiver, voici un tableau qui, s'il ne réchauffe pas réellement le corps, peut au moins avoir la simple prétention de, peut-être, réchauffer l'imagination. J'aime beaucoup la manière dont est représentée l'eau de ce bain, on dirait une eau éthérée, une eau aérienne. Cette eau ne pèse rien, c'est entre l'eau et la vapeur. Pourtant il n'y a pas non plus trace de quoi que ce soit qui s'évapore, je ne saurais pas choisir entre une 'eau légère' et une 'vapeur transparente'.. C'est comme si cette eau n'était pas humide, pas gazeuse non plus puisque cela impliquerait cette idée de vapeur.. Il s'agit d'une chaleur enveloppante, mais qui glisse, une eau qui n'adhère pas, une chaleur sèche dans laquelle on se plonge pourtant..
De même, les fins reflets sur l'eau lorsque celle-ci bouge surtout au premier plan à droite, pourraient faire penser qu'un très léger voile transparent repose à la surface de l'eau et se déplace au rythme des mouvements de la baigneuse.

Mude Girl.


Alma-Tadema - A favorite custom

19 novembre 2005

Les senteurs boisées


Aujourd'hui, allons dans un autre espace. Aujourd'hui, plongeons-nous dans la nature. Aujourd'hui, frôlons les écorces, empoignons les feuilles humides, écoutons craquez les branches déchues et abandonnées sous nos chaussures, sentons les rais de lumières épouser nos carrés de peau non camouflée, écoutons les bruissements de la flore environnante et les chuchotements de la faune grouillante et dissimulée, avançons sur les chemins entre les troncs et les ronces, soyons à l'écoute, à l'affût des senteurs boisées et des spectres de Viviane et de Merlin..

Mude Girl.

17 novembre 2005

I lock my door upon myself - Khnopff

Personne

Personne n'a aimé personne
Personne ne manque à personne
Personne ne pleure personne
Pourquoi même en parler ?

Personne n'a tué personne
Personne n'est mort pour personne
Personne n'est enfant de personne
Pourquoi même en parler ?

Personne ne ment à personne
Personne ne manque à personne
Personne ne hait personne
Pourquoi même en parler ?

Personne ne dit rien à personne
Personne ne regrette rien
Et si quelqu'un en souffre
Personne n'en saura rien.

de rObert

Mude Girl.

16 novembre 2005

Splendeur



Splendeur..
Tristesse..
Beauté..

Silence.

Je suis mude après tout.

Peut-être aurez-vous envie de sortir du vôtre ?


Mude Girl.



Illustration de Victoria Francés.

14 novembre 2005

Le soulier de l'ange


Ce qui me plaît infiniment dans ce tableau... c'est le pied du personnage : ce pied dans ce soulier. Je trouve l'accessoire d'une infinie délicatesse, il me semble qu'il habille si joliment cette fine extrémité. Ce personnage de Meteyard c'est Eros, et mon dieu ça me plaît tellement que le détail qui me ferait tomber en pâmoison (oui oui allons-y) soit son pied. Ô Eros, bel Eros, cher Eros, force de la nature (hum..), beauté d'entre toutes les beautés, que ne ferais-je pour pouvoir le chérir à jamais, pour jouir du plaisir de l'admirer à loisir, et que ne défaillirais-je si je pouvais le toucher, ne serait-ce qu'une fois, voire le baiser, ce pied !
Oui, j'avoue, j'avoue combien tout cela me plaît, combien à y penser, je le prends, mon pied.

Mude Girl.

13 novembre 2005

La rose pâle du Ker

Le froid paralyse et pourtant l'ambiance, la perspective et le grain de cette photo donnent envie d'enfiler un gros pull, des bottes doublées (voire triplées!), une longue cape, de prendre son élan et de sauter dans ce paysage, de marcher comme ces personnages, contre le vent glaçant, de braver les éléments, d'aller vers l'avant, le bout, pas vers l'horizon il n'y en a pas, de marcher vers le point fuyant, même pas dans l'idée de voir ce qu'il se passe à cet endroit, mais simplement parce que tout nous mène là-bas. Fera-t-il de plus en plus froid ? De plus en plus clair ? Y aura-t-il de plus en plus de vent ? De moins en moins d'air ? Serons-nous de plus en plus engourdi ? De plus en plus insensible ? Serons-nous de plus en plus proche du soleil ? Un soleil aussi brillant que froid ? Vers une lumière froide ? Vers un espace aussi mort que vivant ? Serons-nous ?

Mude Girl.

11 novembre 2005

Chrysanthème II


Quelle pause ? Quelle tenue ?
Quelle pièce ? Quel lieu ?
Quelle situation ? Quel décor ?
Quelle lumière ? Quelle langue ?
Quel prénom ? Quelle profession ?
Quel regard ? Quelle température ? Quelles présences ? Quelle époque ? Quels rapports ? Quel pays ? Quels parfums ? Quelle douceur ? Quelle tension ? Quelle volupté ? Quel jeu ? Quelle délicatesse ? Quels artifices ? Quelle vérité ? Quelle photo ?

Mude Girl.

09 novembre 2005

La silhouette..


Cette image est tout un monde..
Ce lieu, cette bâtisse, cette fenêtre..
Un monde mystérieux, intrigant..
Cette apparition, cette silhouette, devinée..
Un monde mystérieux, intrigant, attirant..
Le dessin est réalisé de manière à ce que notre regard
se concentre sur ce qu'on n'arrive à peine à voir.
L'emplacement de la silhouette pourtant nette donc immobile,
ne peut que nous dire que l'image représente un bref moment capturé,
et qu'à tout instant, l'individu va s'éclipser...
La silhouette et la fenêtre sont nettes,
alors que tout le reste, le décor est flou.
N'est réel que ce qu'on voit à peine, le sujet,
et à nous d'inventer tout ce qui l'entoure,
l'avant, l'après, l'histoire.

Mude Girl.

08 novembre 2005

Les regards


Ce qui me fascine avant tout dans ce tableau, ce sont les regards. Tous hypnotisants, tortueux, et chacun représentant des sentiments ou émotions différentes.. On y décèle la peur, la méfiance, la débilité ?, la folie.. Et tout s'enroule, se mêle, s'emberlificote, tout semble lié et ne pas pouvoir se détacher, comme une fatalité..
En tout cas, comme très souvent avec le peintre, je trouve ce tableau de toute beauté.

Je me suis absentée quelques jours, mais je suis de retour.

Mude Girl.


Les 3 Gorgons, de Klimt.

04 novembre 2005

Paysage à peine éveillé(e)


Ici un espace apaisé, couleurs pastel, calme et tranquillité, douceur et tiédeur, contrasté par ces étranges poissons suspendus.. Ont-il tenté de sauter la barrière et se seraient-ils pris dans le filet ? Ou bien ont-il été créés à partir de cette maille et les voilà qui ne peuvent que jeter un oeil envieux vers cette eau qui devrait être la leur mais qui ne leur est pas permise.. Suspendus hors de leur élément naturel qui n'est qu'à quelques pas ou qu'à quelques coups de nageoire.. Supplice ? Punition ? Ou sont-ils simplement inconscients, pures créations matérielles sans vie, aussi vide que leurs yeux, aussi inanimés que leur apparence qui semble identique pour chacun, décalque, clone, résultat de petites mains agiles et imaginatives.. Quoi qu'il en soit, je ne rêve que de me faufiler entre leur corps écaillé pour glisser dans ce paysage à peine éveillé(e).

Mude Girl.

03 novembre 2005

Le cercle magique de Waterhouse

Cette femme est très élégante. Etonnant car elle semblerait être une bohémienne au milieu d'une sorte de camp, ou de lieu fermier. On l'imaginerait plutôt la peau très mate, les vêtements amples et de couleurs vives genre rouge avec des bijoux dorés. Mais non, elle nous montre une peau de lait, une robe cintrée, de couleur pâle et plutôt ornée de détails élégants. J'aime aussi les braises rougeoyantes, la fumée qui s'échappe à la verticale, contrastant avec le cercle qu'elle trace sur le sol poussiéreux avec sa baguette au bout qu'on pourrait penser incandescent. Cette femme a l'air de danser au rythme des flammes. Elle est pourtant entourée de poules, un animal bien familier, alors elle prépare peut-être tout simplement une soupe, mais je ne m'y résous pas, pour moi elle est en plein incantation magique, invoque des puissances de l'au-delà, et communie avec l'Invisible, ne vous paraît-il pas ?

Mude Girl.

02 novembre 2005

La vie..


Après le jour des morts, revenons à la vie.. Je suis de plus en plus fascinée par ce tableau, cette femme me semble tellement vivante, on a vraiment l'impression de l'avoir devant les yeux, de l'avoir devant soi.. Ce sentiment de vie devant nous vient aussi de cette lumière que dégage ce corps. De lui, se dégage également une telle douceur.. Cette femme repose sur la pierre, mais ses longs cheveux la protègent de la fraîcheur de la pierre. On sent cette femme ailleurs, c'est comme une parenthèse, elle est éloignée du reste des choses, éloignée des gens, elle a l'air de profiter du moment, de l'instant, d'un instant de vie..

Cette femme est belle. Voyez. Admirez. Cette femme est la beauté.

Mude Girl.

01 novembre 2005

Le Chrysanthème




Etonnant et surtout injuste que cette connotation funéraire pour le Chrysanthème. Au départ, c'est une jolie fleur du Japon, dont il existe de nombreuses variétés très différentes. Rien à voir avec le Christ ;o) l'origine de son nom est grecque, et veut dire 'fleur d'or'. Ce n'est que récemment que le Chrysanthème arrive en France et que de Fleur d'Or, elle devient fleur des morts... Je lui trouve pourtant tellement belle mine.

Mude Girl


Cette Floraison de chrysanthème est un tableau de Mme Zhang Cuying.