12 février 2006

Simple


Plusieurs jours que je regarde ce tableau, comme les autres, les faisant défiler devant mes yeux, un par un dans un sens ou dans un autre, mais sachant que celui-ci sera bientôt prétexte ici même à quelques mots venus d'impressions, d'émotions, insufflés par des couleurs, des évocations, que j'essaie ensuite d'organiser pour rendre un peu de ce qui se passe dans mes pensées, puis que je dépose enfin. C'est donc le tour ce "Nu couché de dos", de Modigliani, qui me plaît beaucoup. Au départ, je le trouvais très simple. Trop. Puis, au fil des jours, au fur et à mesure que je laissais mon regard l'effleurer, sans réfléchir, je me le suis approprié. Je le trouve toujours d'une grande simplicité. Mais plus 'trop simple'. Car en effet, une femme nue, c'est simple. Et cette femme nue l'est vraiment, on voit d'ailleurs que les mains sont simplifiées au maximum. Le décor est également dépouillé. Il n'y a pas de mouvement dans ce tableau, le seul qu'on pourrait imaginer serait une respiration tranquille. Et pourtant. Pourtant je trouve ce tableau magnifique. Dans cette apparente simplicité, j'y vois finalement une grande finesse dans le travail de la couleur du corps. C'est un vrai plaisir de remarquer ces effets tirant plus vers les clairs aux centres, et plus vers les foncés quand on s'approche des plis, des extrémités. Et la différence entre le côté très brut de la mise en couleur pour tout le reste du tableau, fait que ce corps est réellement mis en valeur. On peut dire qu'il est d'un grand érotisme, car en effet tout ce qui ressort c'est la peau, et la chaleur qui s'en dégage. J'aime beaucoup ce tableau.

Mude Girl.

10 février 2006

No comment



Mude Girl.

07 février 2006

Monter nue dans une barque

Ce tableau de Boldini me convient pour aujourd'hui. J'aime ces traits éclatés, ces traces de gomme brouillés, mais qui ne troublent pas le tout, on voit tout de même clairement ce dont il s'agit. Un étonnant sujet d'ailleurs. Une femme nue, qui monte dans une barque.. Le décor n'importe pas. Mieux : il n'existe pas. La femme a le visage et les mains évaporés, aucune trace de personnalité. Seule compte l'action. Pourquoi une femme nue monterait dans une barque ? Une femme nue peut se trouver dans l'eau, pour s'y baigner, tout naturellement. On peut également imaginer une femme montée dans une barque, au moins en maillot de bain, qui une fois arrivée au large ou du moins dans un coin à l'écart, pourrait se dénuder pour prendre le soleil à son aise. Mais monter nue dans une barque... Cela n'a peut-être pas grand chose de surprenant dans l'absolu, et pourtant si, cette scène m'étonne.. Je me dis que je peux immédiatement écarter une situation exceptionnelle du genre fuite précipitée après tentative de violence, car cela ne semble absolument pas être le cas dans ce tableau. Alors deux options se proposent à moi. Soit elle est seule au milieu de son immense propriété et du coup elle ne se soucie guère d'éventuels yeux forcément absents, soit au contraire, elle se sait regardée et c'est un jeu... C'est d'ailleurs cette idée que je vais conserver !

Mude Girl.



06 février 2006

L'équilibre ?

Aujourd'hui, un tableau surréaliste, étonnant et attirant.. Une espèce de buffle porte un monument sur son dos et sa tête. On voit à quel point son fardeau est lourd et l'animal est fort, car il n'est pas en marche, il est dans une posture d'arrêt, les pattes en avant, le corps en arrière, comme s'il cherchait une position pour pouvoir rester en équilibre avec son chargement, pour faire revenir et tenter de maintenir une stabilité perdue. Sur son flanc, quatre têtes sans corps ni cou, quatre visages dont on ne sait s'ils se reflètent sur le poil de la bête ou s'ils ne seraient pas carrément à l'intérieur de l'animal, dans ce cas, on les verrait en transparence. Ils seraient alors prisonniers de l'animal tout en tension, un peu affolés eux-mêmes, tentant de regarder à l'extérieur pour comprendre ce qu'il se passe, tentant peut-être même d'appeler l'extérieur dans l'espoir d'une extirpation libératrice.

Au dehors justement, trois des personnages féminins, tous trois représentés de manière différente. Celle de droite est plutôt normale, elle semble se tenir debout sur le monument, ses bras légèrement écartés pourraient servir de balancier, pour chercher elle aussi un équilibre. On voit moins distinctement la femme du milieu et surtout on ne lui voit pas de jambes, elle est en l'air comme si elle flottait. Peut-être est-ce pour tenter de récupérer un brin d'équilibre, qu'elle semble avoir posé sa main sur l'épaule de la femme de gauche. Celle-ci est également nue comme ses deux comparses, sauf qu'elle porte un grand chapeau-fleur coloré de jaune et vieux-mauve, qui ressort par rapport aux couleurs plutôt sobres, sombres et dans les tons vert du reste du tableau. Mais le plus étonnant ce sont ses jambes immenses, qui font penser aux pattes plus qu'effilés des éléphants de Dali, sauf qu'ici les jambes sont fines car longues, mais restent relativement bien proportionnées par rapport au reste du corps. On sent encore une fragilité dans l'équilibre, mais la grâce qui se dégage nous indique qu'il ne s'agit pas d'une fragilité menaçante, en réalité les personnages semblent s'y accommoder, trouver des astuces pour conserver cet équilibre malgré les obstacles physiques (jambes) ou d'organisation (monument sur buffle!).
L'image du tableau n'est pas suffisamment grande pour voir bien les détails. Car je remarque trois points jaunes auxquels je ne trouve pas spécialement de sens, l'un à l'endroit de l'oreille du buffle, l'autre sur son flanc en dessous des visages et le troisième dans une voûte du monument.. On pourrait penser que le monument serait inachevé, mais je dirais plutôt qu'il semble en voie de disparition.. C'est peut-être aussi son début d'effacement en haut à gauche qui met en péril l'équilibre de cet édifice.
Mais ce qui me plaît aussi dans ce tableau, c'est qu'alors que le décor est totalement inexistant, entre les voûtes de ce que j'appellerais bien un temple à présent on devine une ouverture, un chemin vers un paysage, vert, montagneux ou une simple colline, mais bien plantée sur la terre..

Mude Girl.

Krehka, de Katarina Vavrova.

03 février 2006

L'étonnement


Bonjour à tous.

J'ai un peu trop délaissé ce lieu, et j'ai fortement l'envie d'y revenir en essayant à nouveau de faire mon possible pour y maintenir un rythme journalier, ce qui est l'intérêt du blog "journal en ligne". Me voici donc aujourd'hui avec ce portrait étrange.
J'imagine cette créature urbaine, dans un monde un peu futuriste, déchu, redevenu sauvage et parfois brut, ce nouvel homme erre dans des couloirs bétonnés souterrains, il règne sur son territoire, solitaire, à l'affût d'éventuelles attaques à parer, et puis tout à coup, le voilà qui se retrouve face à l'objectif, ou face au crayon, voire au pinceau.. Quoi qu'il en soit, voici notre être qui s'arrête. Il n'est pas apeuré. Il sent qu'il n'y a pas de danger. Il est surtout bien étonné. Par cet oeil qui lui capte son image. Mhh ? Mais qu'est-ce que c'est que ça ? se dit-il avec son regard interrogateur malgré des yeux à l'apparence vide... Des yeux dont on ne pourrait dire en réalité s'ils sont effectivement vides ou bien s'ils concentrent un magma d'énergies fulgurantes. Les plis sur son front montrent bien le questionnement qui le tient, la bouche est assez neutre, ne sachant pas encore si oser esquisser un léger sourire, ou au contraire se laisser plisser sous l'effet d'une soudaine appréhension.. Le nez, de part son implantation massive, semble ne pouvoir se mouvoir d'un poil. En revanche, les oreilles paraissent prêtes à remuer, presque à battre comme des ailes, sous l'effet d'une émotion latente.. On imagine, un fois planté devant la créature, l'observateur parfaitement immobile, laissant son sujet libre de toute interprétation et de toute réaction. Nous assistons à cet instant d'étonnement et de réflexion, ce moment d'arrêt, qui doit représenter à peine quelques secondes, avant qu'une décision intervienne et que ce portrait s'évanouisse pour laisser place à un mur vide, taggé mais déserté.

Mude Girl.