06 février 2006

L'équilibre ?

Aujourd'hui, un tableau surréaliste, étonnant et attirant.. Une espèce de buffle porte un monument sur son dos et sa tête. On voit à quel point son fardeau est lourd et l'animal est fort, car il n'est pas en marche, il est dans une posture d'arrêt, les pattes en avant, le corps en arrière, comme s'il cherchait une position pour pouvoir rester en équilibre avec son chargement, pour faire revenir et tenter de maintenir une stabilité perdue. Sur son flanc, quatre têtes sans corps ni cou, quatre visages dont on ne sait s'ils se reflètent sur le poil de la bête ou s'ils ne seraient pas carrément à l'intérieur de l'animal, dans ce cas, on les verrait en transparence. Ils seraient alors prisonniers de l'animal tout en tension, un peu affolés eux-mêmes, tentant de regarder à l'extérieur pour comprendre ce qu'il se passe, tentant peut-être même d'appeler l'extérieur dans l'espoir d'une extirpation libératrice.

Au dehors justement, trois des personnages féminins, tous trois représentés de manière différente. Celle de droite est plutôt normale, elle semble se tenir debout sur le monument, ses bras légèrement écartés pourraient servir de balancier, pour chercher elle aussi un équilibre. On voit moins distinctement la femme du milieu et surtout on ne lui voit pas de jambes, elle est en l'air comme si elle flottait. Peut-être est-ce pour tenter de récupérer un brin d'équilibre, qu'elle semble avoir posé sa main sur l'épaule de la femme de gauche. Celle-ci est également nue comme ses deux comparses, sauf qu'elle porte un grand chapeau-fleur coloré de jaune et vieux-mauve, qui ressort par rapport aux couleurs plutôt sobres, sombres et dans les tons vert du reste du tableau. Mais le plus étonnant ce sont ses jambes immenses, qui font penser aux pattes plus qu'effilés des éléphants de Dali, sauf qu'ici les jambes sont fines car longues, mais restent relativement bien proportionnées par rapport au reste du corps. On sent encore une fragilité dans l'équilibre, mais la grâce qui se dégage nous indique qu'il ne s'agit pas d'une fragilité menaçante, en réalité les personnages semblent s'y accommoder, trouver des astuces pour conserver cet équilibre malgré les obstacles physiques (jambes) ou d'organisation (monument sur buffle!).
L'image du tableau n'est pas suffisamment grande pour voir bien les détails. Car je remarque trois points jaunes auxquels je ne trouve pas spécialement de sens, l'un à l'endroit de l'oreille du buffle, l'autre sur son flanc en dessous des visages et le troisième dans une voûte du monument.. On pourrait penser que le monument serait inachevé, mais je dirais plutôt qu'il semble en voie de disparition.. C'est peut-être aussi son début d'effacement en haut à gauche qui met en péril l'équilibre de cet édifice.
Mais ce qui me plaît aussi dans ce tableau, c'est qu'alors que le décor est totalement inexistant, entre les voûtes de ce que j'appellerais bien un temple à présent on devine une ouverture, un chemin vers un paysage, vert, montagneux ou une simple colline, mais bien plantée sur la terre..

Mude Girl.

Krehka, de Katarina Vavrova.