30 novembre 2005

Je me suis éveillé

Ce matin, je me suis encore éveillé bien avant le grand astre du jour. J'ai bu un verre d'eau, terminé de lire le journal de la veille, mais le sommeil s'était totalement évaporé. Je me suis donc vêtu ; le temps à cette époque de l'année commençant à se faire frais et humide, je me suis également couvert de mon long manteau feutré. Je me suis rendu dans l'écurie. Brown Star était lui aussi debout, de bonne humeur et prêt à sortir. Je l'ai sellé, et nous sommes partis battre la forêt derrière la propriété. Il faisait encore sombre, la nature avait pour seuls bruit et mouvement, ce léger souffle régulier du sommeil paisible. C'est le moment de la journée (si je puis l'appeler ainsi) que je préfère. Seul avec ma noble monture, les lieux, l'air, le monde m'appartiennent. Après une longue course galopée, empruntant de nouveaux chemins, découvrant de nouvelles lueurs émergentes, transformant au rythme du galop l'air vivifiant en une épaisse vapeur presque blanche, nous voici de retour. Je m'arrête un instant devant le portail de ma vieille masure aux couleurs matinales (après je passerai par le portail du fond pour ramener mon cheval qui a bien mérité son avoine). Je regarde cette bâtisse, je me souviens d'un matin, trente-sept ans auparavant, et qu'y a-t-il de différent sur le tableau qui s'offre à mes yeux aujourd'hui ? Un peu de mousse en plus ? Quelques feuilles en moins ? La luminosité est différente. Chaque jour la lumière est différente, peu importe les années, les événements, les souvenirs ou l'état d'esprit. Le grand astre s'est levé, je vais peut-être m'étendre un moment.

Mude Girl.


Automn morning, de Grimshow.